Bonjour à toutes et tous et ravie de vous retrouver
pour un nouvel épisode de « Conversation avec la nature ».
On est reparti pour un petit moment ensemble à parler
biodiversité, nature, sites naturels et surtout balade nature.
Alors dans les épisodes précédents,
on a parlé de la connaissance, de la protection, de la gestion.
Aujourd'hui, on va parler de transmission, de liens,
place à la valorisation.
Et pour nous parler de ça, on accueille Audrey.
- Salut Audrey. - Salut !
Merci de nous rejoindre.
Donc Audrey, tu es animatrice nature, est-ce que tu peux nous dire
un petit peu plus
ton poste ?
Qu'est-ce que tu fais ? Depuis quand tu es au Conservatoire ?
Alors je suis arrivée au Conservatoire en 2023.
Mon boulot, c'est faire connaître et sensibiliser
grands et petits, à la découverte et aux enjeux autour
de l'environnement et des espèces et des sites gérés par le Conservatoire.
Donc ça passe par des sorties grand public
avec des balades découvertes, des projets pédagogiques, des chantiers
bénévoles, la création aussi d'articles
et tout un aspect communication aussi autour des sites.
Parce qu'après tout, on protège mieux que ce que l'on connait.
Exactement.
Et donc quand on dit valoriser un site,
en fait, de quoi on parle exactement ?
Quand on parle de valoriser un site, on parle de faire vivre le site en fait,
de le mettre en avant.
Donc il y a
différentes façons de faire vivre le site, que ce soit
localement, avec la création de sentiers pédagogiques, avec des panneaux
ou juste des communications dans des articles,
par exemple des bilans communaux ou des articles de presse
pour faire connaître des espèces, les sites, les milieux aux populations.
Et pourquoi c'est important de faire connaître ces sites
et pourquoi c'est important de ne pas garder ces sites secrets ?
C'est important de pas les garder secrets parce que
comme je l'ai dit plus tôt, on protège mieux ce que l'on connaît.
On ne peut pas protéger ce qu'on ne connaît pas et ce qu'on ignore.
Donc les mettre en avant et faire connaître les menaces
qui pèsent les enjeux qu'il y a sur certaines espèces,
sur certains milieux, c'est important pour pouvoir les protéger après.
Et donc sur nos sites, on accueille
du public.
Tu accueilles
des jeunes et des moins jeunes pour leur présenter les sites
Comment on fait pour accueillir mais sans abîmer
le milieu parce que justement ce sont des milieux qui sont protégés.
Donc comment est-ce qu'on gère accueil du public et protection ?
Alors les sites qui accueillent du public en général,
dès l'entrée du site, on a des panneaux d'information qui rappellent
les consignes à respecter parce qu'on est sur des espaces naturels préservés,
comme tu dis.
Donc que ce soit par exemple « ne pas sortir des sentiers,
ne pas faire de feu de camp, ne pas laisser ses ordures,
ne pas cueillir certaines espèces » par exemple.
Et la création aussi, après de sentiers pédagogiques,
donc avec des panneaux d'information aussi tout du long par exemple.
Ou du moins, en tout cas pour éviter les gens de piétiner certaines zones,
de préserver d'autres zones aussi.
Et on ne risque pas de trop montrer
et de trop accueillir sur certains sites qui sont vraiment sensibles.
Alors je ne pense pas non, puisqu'on fait une communication
assez locale.
On cherche pas un tourisme de masse, on cherche à sensibiliser
les acteurs locaux
et donc surtout les habitants autour des sites.
Et il y a certains sites qui sont fermés
au public, donc certains sont en accès libre j'imagine.
Mais est-ce que d'autres sont entièrement fermés ?
Alors oui, exactement.
On a des sites complètement ouverts qui sont visitables
n'importe quand, à n'importe quelle heure, par tout le monde
et d'autres qui vont être inaccessibles.
Ça on le précise bien en général en amont,
par exemple avec des panneaux, ou alors sur notre site internet,
qui vont
être soit trop sensibles à la fréquentation,
que ce soit au piétinement ou au dérangement de la faune.
Ou alors encore ça peut être des sites qui peuvent être dangereux
pour le public si
il est visité en accès libre comme ça.
Par exemple des sites
avec des cavités ou des sites avec des affleurements rocheux
avec des falaises, ce genre de sites-là peuvent pas être visitables forcément,
sauf si bien sûr il y a un sentier bien défini,
mais en général ces sites-là vont être
fermés au public et visitables uniquement
lors de certaines balades guidées avec un animateur.
Et donc justement, les balades guidées avec un animateur.
Donc là c'est ton sujet.
Donc tu accompagnes des groupes sur les sites, est-ce que tu peux
nous raconter une animation ou une balade qui t'a particulièrement marquée ?
Est-ce que est ce que tu as un exemple en tête ?
J'ai plusieurs exemples en tête, mais j'ai notamment
une sortie amphibiens dans le cadre de l'opération « Fréquence Grenouille ».
C'était une soirée crépusculaire,
donc à la tombée de la nuit, avec le petit groupe, on était sur le site
des Mares de Villenouan, qui est un site sur la commune de Lailly-en-Val.
- Dans le Loiret. - Dans le Loiret,
avec plusieurs mares.
On a cherché pendant plusieurs
minutes les amphibiens qu'on pouvait trouver.
Il y a que la petite grenouille
verte qui a bien voulu se laisser voir.
Donc bon, on a continué de chercher.
Puis un peu plus tard, alors que le soleil s'était couché,
on s'est approché
tous autour d'une mare avec nos petites lampes torches, on a coupé les lumières
et là, une fois qu'on a arrêté de bouger,
il y a tous les crapauds calamites qui se sont mis à chanter.
On était au milieu d'un concert de crapauds calamites,
entre les étoiles et les crapauds qui chantaient,
c'était presque assourdissant.
Ça a un petit aspect magique.
En fait, c'est vrai,
quand on va en balade nature, finalement, on ne sait pas ce qu'on va y trouver.
C'est ça.
- C’est un peu... - C'est la surprise.
C’est la surprise et c’est la nature qui décide
Oui.
Et pour rappel donc, l'opération « Fréquence Grenouille », c'est une opération
qui est portée par le réseau des Conservatoires
et qui vise à faire découvrir les zones humides.
Et c'est une opération qui a lieu en mars, avril, mai.
Voilà, sur la plupart des sites du Conservatoire, mais surtout
vraiment les zones humides et donc à la découverte des amphibiens
- Par exemple. - Par exemple.
Qu'est-ce que c'est pour toi
une bonne sortie nature ?
Pour moi, une bonne sortie nature, c'est quand tout le monde arrive
à apprendre quelque chose, à repartir avec quelque chose de nouveau,
que ce soit une expérience ou une connaissance.
D'avoir vu une nouvelle espèce ou d'avoir découvert
ou savoir reconnaître un criquet d'une sauterelle, tout simplement
à la fin de la sortie, que chacun reparte avec quelque chose de nouveau.
Et comment on gère aussi le fait de transmettre
les informations sur la protection, etc,
sans pour autant faire la leçon de morale ?
Ça dépend du public je dirais, et de la situation.
Avec les jeunes enfants,
ça va être peut-être un peu plus simple,
je pense qu'il faut passer par montrer les choses,
leur faire faire l'expérience eux-mêmes face
à la nature, face à des espèces, leur apprendre plein de choses
et avec des publics peut-être un peu plus âgés,
jouer sur la corde un petit peu
sentimentale par rapport à l'historique de certains sites.
On a des habitants qui viennent sur les sorties,
qui ont grandi sur les sites naturels bien avant que le Conservatoire
ne gère ces sites.
Donc ils connaissaient le site bien avant le Conservatoire et même mieux que nous.
Donc jouer sur ce qu'ils ont vu,
ce qu'ils ont fait sur le site dans leur enfance par exemple,
et leur montrer tout ce qu'il y a sur le site et la sensibilité
des milieux et des espèces.
C'est beaucoup plus enrichissant de passer par là.
Ça peut être intéressant de voir justement à travers ces personnes
là qui ont l'expérience de ces sites,
de savoir comment ça a évolué en plusieurs années.
C'est toujours très enrichissant.
Moi je dis toujours que dans les animations,
tout le monde apprend quelque chose et moi comprise,
à chaque fois, j'apprends toujours aussi quelque chose de nouveau.
Quels sont les types de publics que tu accueilles le plus souvent
sur tes animations ? C'est plus les jeunes, c'est plus les adultes ?
Ça varie.
C'est plutôt des adultes quand même.
Ça dépend de la thématique de l'animation,
des fois des animations par exemple,
observation de petites bêtes,
d'oiseaux ou même des ateliers un petit peu plus manuels,
je vais avoir un public peut-être un petit peu plus jeune avec des enfants.
Alors que d'autres thématiques peut-être un petit peu plus compliquées, par exemple,
développement de la forêt alluviale ou un groupe d'espèces en particulier,
je vais toucher plus de personnes âgées ou de personnes plus ou moins naturalistes
lors de ces sorties-là.
Mais j'ai beaucoup de retraités parce que quand on est retraité, on a plus de temps
pour se pencher sur ses passions, que ce soit la photo ou l'observation
d'oiseaux ou des croquis, ce genre de choses.
Et parfois des jeunes parents aussi du coup,
et des enfants.
Donc il y en a pour tous les goûts au final.
C'est ça.
Et est-ce qu'il y a un âge pour commencer à apprendre et à découvrir la nature ?
Alors non, je ne pense pas qu'il y ait d'âge à partir
duquel on peut commencer à apprendre à découvrir la nature.
C'est seulement l'approche
qui va être différente en fonction de l'âge.
Avec les plus petits,
dès le plus jeune âge, on peut commencer à les sensibiliser
surtout avec les sens,
que ce soit les couleurs, le toucher...
Et les enfants sont plus sensibles
tu trouves à ces questions d'environnement que les adultes ?
Alors ça dépend, mais
les enfants, c'est comme des pages blanches, ils se construisent, alors
ils découvrent toujours de nouvelles choses et souvent
la sensibilisation passe par les enfants pour après toucher les parents.
Donc tu construis des projets en lien avec les écoles
dans le cadre de tes missions pour l'éducation à l'environnement.
Comment est-ce qu'on construit un projet pédagogique ?
Alors pour construire le projet pédagogique,
donc soit c'est les enseignants des écoles qui me contactent,
soit c'est moi qui contacte certaines écoles.
Plutôt des écoles proches de nos sites en gestion,
tout simplement
pour une question de facilité pour aller sur le site
après avec les scolaires.
Donc je les contacte en amont
et on construit ensemble en fonction de s'ils
ont une thématique sur l'année scolaire, s'ils ont des envies
en fonction aussi du site naturel en question,
et de ce qu'on va pouvoir aborder. Par exemple s'il y a des mares,
aborder toute la vie autour de la mare et des amphibiens,
si c'est des pelouses, ce sera plus la végétation et les petites bêtes.
En fonction du niveau de la classe,
si c'est des maternelles ou si c'est des collégiens.
Oui, parce que j'imagine qu'une animation n'est pas la même en fonction de l'âge
et si tu t'adresses à des maternelles, ça va être différent
de si tu t'adresses à des lycéens par exemple.
Voilà, c'est ça, les attentes vont pas être forcément les mêmes.
Les maternelles, on va vraiment jouer plutôt sur le jeu
et puis sur le sensoriel.
Alors qu'avec les plus grands, surtout les lycéens par exemple,
ou les collégiens ce qu’aiment bien en général
les enseignants, c'est avoir un petit peu de scientifique
et donc faire des dessins d'observation, par exemple, des comptes-rendus,
faire des mesures, ce genre de choses.
Parce que ça rentre complètement dans leur programme scolaire en fait.
Exactement.
Et tu as une affinité particulière avec
un âge par rapport aux élèves ?
Plutôt les petits ?
Non, j'ai pas d'affinités parce qu'on ne fait pas du tout les mêmes choses
en fonction des groupes.
Et je trouve que faire un petit peu
de tout est très enrichissant.
Et comment tu réussis à les capter justement les plus jeunes ?
Enfin, tu nous a dit un petit peu que c'était par le jeu.
Mais alors,
il y a les plus jeunes, mais il y a aussi les adolescents qui peuvent être aussi
peut-être un peu plus complexes à capter comment tu réussis à capter ?
Alors oui, les plus jeunes,
ça va être par la mise en action, je dirais, c'est
dès qu'il y a quelque chose à faire, il faut
les mettre en avant, les faire participer activement à l'animation.
Ça vaut aussi pour les adolescents,
les mettre en avant, les faire participer.
La valorisation
ça passe aussi par l'accueil hors
site finalement du public et je pense notamment à la tenue de stands
ou à l'occasion de festivals, etc où tu es amenée à rencontrer du public.
Donc ça,
ce sont des d'autres occasions de parler de la nature et de sensibiliser ?
Alors oui, on a parlé des balades nature, on a parlé des projets pédagogiques
avec les enseignants, mais il y a aussi cet aspect-là des stands
sur des événements, que ce soit des bourses touristiques,
des salons du livre, Printemps de Bourges ou d'autres
salons, ou des événements culturels où on peut être présents.
Et c'est tout aussi intéressant.
On va capter des publics complètement différents, pas forcément
qui connaissent les sites ou l'environnement,
et on va pouvoir les sensibiliser eux aussi à différentes choses.
Et c'est l'occasion aussi, et on en parlera dans un prochain épisode,
de les faire adhérer à l'association finalement.
Oui.
Et à quel moment on se dit on a réussi à transmettre
quelque chose à cette personne qui est venue en animation ?
Je dirais quand
par exemple à la fin d'une animation ou d'une sortie,
quelqu'un qui venait peut-être avec des questions, avec des a priori,
voire peut-être même des craintes ou des peurs sur quelque chose,
repart en ayant moins
ces peurs et ces a priori,
voire beaucoup de curiosité aussi pour ce que la personne a découvert.
Et là je me dis « bon bah
la graine est plantée.
Maintenant, les personnes sont sensibilisées
et comprennent et vont pouvoir agir à leur niveau
à la sensibilisation et à la protection de l'environnement. »
Un grand merci Audrey.
Et merci à toi.
D'avoir participé à notre podcast et puis de t'être pliée
à ce jeu de questions réponses qui n'est pas toujours facile.
On ne peut que recommander
tes animations et tes sorties nature.
Vous avez toutes les informations donc sur le site internet :
www.cen-centrevaldeloire.org
à la rubrique « Les rendez-vous nature ».
Et n'hésitez pas à nous contacter, nous sommes là pour vous accompagner.
Et justement alors quand on parle d'accompagnement,
on va parler dans le prochain épisode d'une autre mission du Conservatoire
qui est l'accompagnement, mais non pas du grand public cette fois,
mais des politiques biodiversité, des politiques et des institutions.
Voilà, c'est une autre mission du Conservatoire
qu'on développera dans le prochain épisode.
Donc d'ici là, n'hésitez pas
à nous suivre, à nous envoyer vos questions si vous en avez.
Et puis on vous souhaite de belles découvertes nature et on vous dit
à la prochaine !